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L’actualité récente, marquée par des manifestations massives contre la vie chère en France, et plus particulièrement dans les territoires d’outre-mer, met en lumière un art méconnu en politique : celui de « perdre ». Mais derrière chaque défaite apparente se cache souvent l’opportunité de redéfinir sa stratégie. Pour les décideurs politiques, reprendre la main après une crise n’est pas une tâche facile, surtout lorsque la rue gronde, les médias s’enflamment, et que les citoyens revendiquent justice et dignité.
Perdre pour mieux comprendre : la mobilisation des DROM-COM
Les manifestations organisées à Paris par des collectifs tels que le RPPRAC illustrent la colère croissante des ultramarins face au coût de la vie insoutenable. En Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, le prix des produits de première nécessité explose, alimenté par des monopoles de la grande distribution. Cette situation étouffe des populations déjà fragilisées par des décennies de néocolonialisme économique. Résultat : des milliers de citoyens se mobilisent, brandissant des slogans appelant à la justice sociale.
Cependant, au lieu de répondre aux revendications légitimes de ces citoyens, le gouvernement semble se perdre dans des stratégies d’évitement. Les décisions tardives, les discours déconnectés de la réalité et l’absence de représentants politiques sur le terrain ne font qu’amplifier la défiance. La question se pose alors : comment reprendre la main lorsque l’on semble avoir perdu la bataille de la légitimité ?
L’illusion du contrôle médiatique
Un des symptômes les plus révélateurs de cette perte de contrôle politique est le silence complice des grands médias. À Paris, malgré l’affluence lors des manifestations, peu de chaînes d’information ont relayé les événements. Ce manque de couverture médiatique est perçu comme une stratégie délibérée pour étouffer les mouvements sociaux et éviter un effet de contagion en métropole. Pourtant, à l’ère des réseaux sociaux, cette censure ne fait qu’alimenter la colère des manifestants, qui dénoncent une manipulation flagrante de l’opinion publique.
Pour reprendre la main, les politiques doivent comprendre que l’ère où l’on pouvait contrôler l’information est révolue. Le pouvoir ne réside plus uniquement dans les mains des élites, mais circule dans les réseaux numériques. La première étape pour regagner la confiance serait donc d’assumer publiquement ses erreurs, d’écouter les revendications du peuple et d’y répondre avec transparence.
L’art de se relever après une chute
Lorsque tout semble perdu, il existe pourtant des stratégies pour renverser la situation. En politique, « perdre » ne signifie pas toujours la fin, mais peut marquer un nouveau départ. Voici quelques pistes pour reprendre la main dans un contexte de crise :
- Reconnaître la réalité : Face à des accusations de manipulation et de néocolonialisme économique, faire l’autruche n’est plus une option. Le gouvernement doit reconnaître les injustices, comme l’a souligné récemment un leader du mouvement antillais : « Nous demandons simplement la justice pour nos enfants. »
- Rétablir le dialogue : Plutôt que de réprimer, il est urgent d’ouvrir des canaux de communication avec les représentants des manifestants. Des initiatives telles que des tables rondes citoyennes pourraient permettre de canaliser la colère et de trouver des solutions durables. En 2009, le mouvement contre la « profitation » avait déjà prouvé que la répression policière ne fait que renforcer la détermination des manifestants.
- Réformer en profondeur : La solution à long terme passe par des réformes structurelles. La grande distribution dans les territoires ultramarins, par exemple, ne peut plus fonctionner comme un cartel impunément. Des subventions pour les produits de première nécessité et la réduction des coûts de transport maritime sont indispensables pour alléger le fardeau économique des ultramarins.
- Mobiliser des soutiens influents : Lors des récentes manifestations, des figures publiques et des influenceurs ont rejoint le mouvement pour la justice sociale. Tirer parti de ces alliances peut aider les responsables politiques à regagner le soutien de la population. Cependant, il ne s’agit pas d’utiliser ces personnalités comme des outils de propagande, mais de collaborer avec elles pour amplifier la voix des citoyens.
Redéfinir l’avenir : une nouvelle ère politique ?
Le mouvement social actuel est bien plus qu’une simple contestation contre la vie chère. Il s’inscrit dans une volonté plus large de réconciliation intergénérationnelle et de justice économique. À l’image des cours sur la diffamation, le néocolonialisme et la réconciliation proposés sur la plateforme NMDEAL, il est essentiel pour les dirigeants politiques de se réinventer en adoptant des stratégies inclusives et transparentes.
Les gouvernements doivent comprendre que l’art de « perdre » peut devenir un atout stratégique. En reconnaissant ses échecs et en ajustant sa trajectoire, il est possible de retrouver la confiance des citoyens. Mais cela nécessite un véritable engagement à écouter, comprendre et agir pour le bien commun.
Conclusion : le prix du renouveau
Le prix à payer pour retrouver la confiance des citoyens est élevé, mais nécessaire. Les sacrifices communautaires que certains ont acceptés de faire pour le bien collectif ne doivent pas être ignorés. En rétablissant la justice, en réparant les torts passés, et en instaurant des politiques équitables, il est possible de reprendre la main, non seulement en politique, mais aussi dans le cœur des citoyens.
Il est temps de redéfinir le contrat social pour que, dans cette nouvelle ère, personne ne soit laissé pour compte. Car, comme l’enseignait Maât, la déesse de la vérité et de la justice, « l’équilibre n’est jamais trouvé dans la dissimulation, mais dans la lumière ». La France d’aujourd’hui doit apprendre à se réinventer pour offrir à chacun, quelle que soit son origine, la place qui lui est due dans la société.
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Mr Mehdy NESMON
Juré Formateur Professionnel
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