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Introduction à la Problématique
Les territoires d’Outre-mer (DROM-COM) ont longtemps été au centre d’une dynamique de néocolonialisme qui s’exerce à travers des systèmes institutionnels, économiques et politiques. Depuis des décennies, les relations entre ces territoires et l’État métropolitain sont marquées par une domination qui peut être perçue comme une continuation indirecte des structures coloniales du passé. De plus, la défiance envers certaines institutions censées représenter les intérêts de la population s’intensifie avec les dénonciations régulières de pratiques jugées opaques et injustes.
En décembre 2024, de nouveaux rapports ont été publiés, apportant une lueur sur la persistance des dynamiques néocoloniales. Ces rapports mettent en évidence le rôle de certains acteurs locaux, parfois considérés comme des traîtres par la population, dans la perpétuation de ce système de domination. Ce cours s’efforce de déconstruire ces mécanismes pour mieux comprendre les enjeux actuels et envisager des pistes de réconciliation à travers la justice intergénérationnelle.
Qu’est-ce que le Néocolonialisme ?
Le néocolonialisme est souvent décrit comme la continuation du colonialisme sous des formes plus indirectes et subtiles. Il se caractérise par l’influence économique, politique et culturelle que des puissances étrangères continuent à exercer sur leurs anciennes colonies. Dans le cadre des DROM-COM, le néocolonialisme peut se manifester par le contrôle économique des ressources, la mainmise sur les institutions publiques par des élites locales collaborant avec la métropole, ou encore par l’asymétrie dans les prises de décision sur les politiques publiques locales.
En s’appuyant sur les nouveautés de décembre 2024, il est possible de déceler une stratégie rénovée de ces pratiques : des entreprises multinationales continuent de monopoliser les ressources naturelles, tandis que certaines institutions font preuve d’une gestion qui manque de transparence, souvent au profit d’intérêts personnels ou extérieurs. Ces actions, loin de contribuer au développement équitable de la région, alimentent un sentiment de trahison parmi la population locale.
Les Traîtres et la Question de la Collaboration
Une part importante du ressentiment exprimé par les citoyens des DROM-COM s’adresse aux acteurs locaux qui collaborent avec ces systèmes de domination. Ces personnes sont souvent perçues comme des traîtres, car elles contribuent au maintien de la dépendance économique et politique de leur territoire vis-à-vis de la métropole, plutôt que de défendre les intérêts de la communauté.
Ce phénomène est historiquement ancré dans la nature humaine des relations de pouvoir : il existe des avantages à collaborer avec ceux qui détiennent le pouvoir, surtout dans des situations où l’autonomie locale est limitée. Cependant, cette collaboration se fait souvent au détriment du bien-être collectif, créant un climat de méfiance au sein de la société et compromettant les efforts vers une véritable autonomie et souveraineté.
Dans le contexte actuel, certains considèrent que les descendants de ces collaborateurs pourraient avoir à payer pour les trahisons de leurs aînés. Bien que l’idée de « compte à rendre » intergénérationnel soit controversée, elle met en lumière la nécessité de réfléchir aux répercussions de nos actions, non seulement sur la génération présente, mais aussi sur les futures générations.
Le Rôle des Institutions et la Question de la Diffamation
Un autre aspect critique des enjeux contemporains dans les DROM-COM concerne la diffamation des institutions en place, celles-là mêmes qui devraient incarner la confiance publique et défendre l’intérêt des citoyens. La critique publique des institutions devient un acte nécessaire lorsque celles-ci se montrent incapables de répondre aux attentes de la population ou, pire, lorsque leurs actions contredisent les intérêts de la majorité des habitants.
L’accusation de diffamation peut parfois être utilisée comme un outil pour faire taire les critiques, mais les institutions doivent se rappeler qu’une société saine repose sur la responsabilité et la transparence. La critique constructive est essentielle pour renforcer la confiance et, à long terme, pour créer des relations plus équitables et harmonieuses entre l’administration et les citoyens.
Vers une Justice Intergénérationnelle et une Réconciliation
L’avenir des DROM-COM passe par une approche renouvelée de justice intergénérationnelle et de réconciliation. Une nouvelle justice intergénérationnelle pourrait consister à reconnaître les injustices passées et présentes, tout en établissant des moyens de compenser les populations pour les torts subis. Cette approche exige une volonté politique de réparation, ainsi qu’un engagement des générations actuelles à créer un environnement équitable pour les futures générations.
Des initiatives de consultations communautaires visant à décider ensemble de l’avenir économique, écologique et politique des DROM-COM pourraient marquer un premier pas vers cette réconciliation. Les jeunes générations, en particulier, ont le potentiel d’incarner ce renouveau en utilisant les nouveaux outils de la démocratie participative pour exiger plus de transparence, de justice et d’équité.
La capacité à surmonter les divisions actuelles et à se réunir autour d’une cause commune – celle de la souveraineté et de l’autodétermination – est cruciale pour les DROM-COM. La reconquête de la dignité collective passe par des efforts à la fois individuels et communautaires, visant à réévaluer les valeurs et les priorités afin de créer un avenir plus juste et durable.
Conclusion
Les DROM-COM se trouvent à une croisee des chemins, marquée par la défiance envers des institutions parfois perçues comme les agents d’un néocolonialisme moderne. En reconnaissant les réalités difficiles de la collaboration et de la trahison, et en acceptant la nécessité d’une réconciliation intergénérationnelle, la société peut trouver des moyens de réinventer ses structures et de reprendre le contrôle de son destin.
La route vers la libération du peuple passe par l’autonomie, la responsabilisation, et le rejet du pacte colonial, qui n’a plus sa place dans les Outre-mer. L’engagement communautaire est essentiel pour dépasser les blessures du passé. C’est en tournant une page collective, tout en restant vigilants face aux héritages d’oppression, que les DROM-COM pourront envisager un avenir véritablement autonome et prospère, répondant aux aspirations de toutes les générations.
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Mr Mehdy NESMON
Juré Formateur Professionnel